Mercredi.
Mon premier contact avec Montréal est quelque peu décevant. Il fait à peine 8 degrés, le ciel est salement grisouille, et j’ai la sensation d’être dans une version délavée des Etats-Unis : trop de gens parlant francais, pas assez de choc culturel. Le frisson de la découverte aurait probablement été plus grisant si je n’avais pas passé près d’un an en Amérique du Nord. Quoi qu’il en soit, je file quelques coups de lattes à ma réserve et je me prépare à vivre au mieux cette nouvelle aventure. J'aurais cependant la preuve plus tard que Montréal peut être très lumineuse, même sous un ciel de plomb.
Jeudi.
Ma seconde impression est déjà bien plus alléchante. Dès les premiers rayons de soleil, la ville fait risette. Le mélange architectural est saisissant. Le Québec consacre 1% de son budget à l’architecture, et ça se voit. Pas étonnant que Montréal ait été élue Capitale Mondiale du Design en 2006, la première fois qu’une ville d’Amérique du Nord est ainsi distinguée.
Je prend une marche (une expression locale, traduction littérale de “to take a walk”) dans les rues autour de mon quartier, je fais quelques courses au shopy local (où je me retiens de bondir comme un cabri entre les rayons en trouvant des pop tarts et des cinnamon crunch toast. Madeleine de Proust, quand tu nous tiens…). Je prends tranquillement mes marques en terre québequoise.
En début de soirée, je retrouve Pha, un ami montpellierain fraîchement débarqué. Au programme : bières* et match de hockey* dans une salle rock mythique, les Foufounes Eléctriques. Durant le match, le jet lag s’abat sur moi comme un rapace sur un souriceau parkinsonien, me laissant juste le temps de limaçonner jusqu’à mon lit avant de me vautrer dans les bras de morphée.
Vendredi.
Requinqué par une nuit de sommeil proprement indécente, je
commence une remise en forme sérieuse. Les tests médicaux ont laissé des traces, et je suis ravi d’avoir une salle de sport suréquipée à disposition pour corriger le tir. A moi les tapis qui roulent, les barres qui couinent, et les machines qu’on sait même pas à quoi elles servent !
Je profite de l’un des rares jours de congé de mon père pour me balader avec lui : quartier latin, chinatown, centre ville, vieux Montréal, je découvre une ville aux multiples facettes, fière de son passé, le regard résolument tourné vers l’avenir.
Quelques expos, une paire de musée, un marché d’art, je découvre le Montréal culturel, qui a la bon goût d’être particulièrement florissant.
Samedi.
Visite du Biodôme, un centre présentant quatre écosystèmes distincts : forêt tropicale, forêt laurentienne (une verdure locale), st-laurent marin, et les pôles. Ajoutez à ça une expo temporaire sur Madagascar, assortie d’une petite conférence de 20 minutes donnée par une ravissante biologiste, et vous avez une balade sympa pour la famille ou sans.
Le Biodôme est à quelques mètres du stade olympique, un gros machin surmonté de la plus grande tour penchée au monde, qui est gentiment impressionnante, tout de même. La grimpette en haut de la tour faisant 16$, je décide d’avoir piscine, par principe.
Le soir, je me fais un resto où je mange comme un chancrou des alpages pour peanuts, avant de me rendre à un concert que j’attendais avec une brûlante impatience. J’y retrouve pour la 4e fois ma chanteuse brésilienne préférée, Bïa, avec qui j’ai eu la chance de travaillé sur les festivals Paris-Brasil 2007 et 2009, et qui réside à Montréal. Contrairement aux concerts en France, elle joue ici avec ses musiciens, et ça se sent. L’alchimie est parfaite, le show est délicieux. Je suis fan, inconditionnellement (et sans arrière pensée aucune, n’en déplaise aux mauvaises langues).
Je termine la journée par un club anglophone*, qui me replonge à l’époque de mes virées à Charlotte et Austin, l’an dernier. Gros son dirty south, hip hop old school, rnb et tech groovy, la musique fait la synthèse des sons ricains et français. Un mélange intéressant, je me lâche comme il faut.
Dimanche.
Je profite de cette journée à fond, dans une bonne grosse session feignasse, à l’ancienne.
*Les bières : Croisez les bières américaines, françaises et belges, et vous aurez l’essence de la bière québecoise. Goûtues et faciles à boire.
Sans être transcendantes, elles forment un mélange agréable (bien que, dans le même registre, je reste fan de la Dos Equis mexicaine).
*Le hockey : fondamentalement, c’est de la boxe par équipe sur patinoire. Le palet (appelé ici rondelle) n’est qu’une excuse pour se foutre gentiment sur la gueule. Sport à haute teneur en virilité, à consommer avec une bonne bière à la main. Ceux qui vous soutiennent le contraire sont à la solde de la nation canadienne, ou essaient de vous vendre quelque chose.
Bon, d’accord, le seul match que j’ai vu voyait s’affronter les équipes de Montréal et de Toronto, à l’amour réciproque égale à celui unissant l’OM et le PSG. Mais quand même, ils passent vraiment leur temps à se cogner dessus, et avec la bénédiction de l’arbitre…
*L’Anglais : si le Français est la première langue officielle du Québec (et la seconde officielle dans le reste du Canada), le nombre d’anglophones est finalement assez important. Américains, Canadiens anglophones ou membres d’une quelconque diaspora, ils sont partout, et font résonner dans mes oreilles cette langue que j’apprécie tant.
Il faut dire que je loge dans ce que les francophones appellent le “Ghetto Mc Gill”, le quartier de l’université anglophone. Le taux de shakespearien y est donc particulièrement élevé, et c’est tant mieux.
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