jeudi 22 octobre 2009

Comme à la maison



Bïa, dont je parle dans mon précédent post, semble intéresser les mélomanes de tout poil. Si vous désirez jeter une oreille à sa merveilleuse poésie musicale, suivez ce lien.

Pour les photos de la semaine 1, cliquez ici.

Pour celles de la semaine 2 (celle dont je parle plus bas), cliquez .


Lundi.
Grand moment d’émotion : ma toute première poutine ! Me voilà désormais un peu québecois (le gène de la québequitude est nutritionnellement transmissible).

Pour ceux qui se demandent qu’est-ce donc que cette poutine dont je cause : la poutine est une sorte de cousine (très) éloignée de la tartiflette. Imaginez une solide portion de frites recouverte de grumeaux de cheddar et d’une sauce brunâtre légérement sucrée. Certaines places à poutine proposent des versions alternatives à cette base : poutine elvis, poutine végétarienne, poutine vivante (je blague, cette version-là n’existe pas puisque toutes les poutines sont servies encore vivantes).

Ma première poutine était une T-Rex, qui adjoint à la mixture sus-citée : jambon, bacon, saucisses grillées et un quatrième ingrédient encore non identifié à ce jour. Etant encore parmi vous quinze jours plus tard, je me considère comme un survivant. Je pourrais montrer bravement mes blessures de guerre à mes petits enfants. Ah, il fait moins le malin, le sac à main !


Mardi.
Journée à thème ciné. André Lapointe, directrice des Grands Explorateurs, le “Connaissance du Monde” local, organise une conférence de presse pour le lancement de son livre de cuisine sans frontières (enfin, une conférence sans presse, puisque les journalistes ne posaient aucune question…). Cette conférence est suivie d’une projection du nouveau film de monsieur Moreau mon père, “Viet Nam”, que je voyais en fait pour la première fois. Je dis pas ça parce qu’il est mon géniteur ou parce qu’il m’héberge gracieusement durant ce séjour au Québec, mais c’est de la bien belle ouvrage, avec un traitement original du sujet, et tout. Il a bien bossé, l’animal.

Après tant de stimulation neuronale, rien de tel qu’un divertissement enlevé, allégé en réflexion et chargé en hémoglobine. Aller mater Zombieland avec Pha tombait donc à point. Pour ne rien gâcher, le ciné est à moitié prix les mardis.

Zombieland est, ma foi, un film bien sympathique. Il a le bon goût de donner à ce bon vieux Woody Harrelson l’occasion de ressortir son stetson, et à Bill Murray de faire du grand Bill Murray, qu’il sait tellement bien le faire qu’on dirait le vrai, en mieux.


Mercredi.
Je découvre une boutique médiévale avec des fringues intéressantes, mais plus orientées GN que XVIIe siècle. Dommage, ce n’est pas ici que je pourrais trouver des costumes pour les faquins. Ils ont également des masques de toute beauté, fabriqués par l'Atelier Pirate, et des tricornes pirate à un prix vraiment intéressant. Je vais me pencher sérieusement sur la question…

J’assiste à une seconde séance du film de mon père, ce qui me permet de rencontrer Isabelle, une cousine émigrée depuis moult années en terre québecoise, et dont je n’ai appris l’existence que très récemment. Isabelle est un petit bout de femme débordant d’énergie, qui a récemment ouvert un centre de yoga thérapeutique après avoir travaillé dans le monde des affaires. On accroche bien, et on prévoit de se revoir quelques fois avant mon départ.


Jeudi.
Cours d’escrime avec Les Duellistes, une sympathique bande de médievistes s’essayant depuis peu à la rapière. Eux n’ont aucune velléité d’exhibitionnisme scénique. Ils font dans la technique et le concret.

Du coup, je tâte de la lame sous un angle nouveau : préceptes de Capo Ferro sans additifs, utilisation de masques d’escrime sportive et de tabards de cuir, et travail d’estoc quasi exclusif. Je suis assez déstabilisé par la dfférence d’approche, mais ça ne rend la pratique que plus intéressante.


Vendredi.
Diner avec Isabelle dans un resto au concept indécent : Juliette & Chocolat s’est spécialisé, comme son nom l’indique, dans les produits cacaotés. La fondue mixte chocolat mi-amer / caramel au beurre salé est tout simplement splendide. Le fondant au chocolat est un attentat à la décence.

Yuuummy!





Samedi.
Découverte de taille : Rouge, l’un des meilleurs clubs dans lequel j’ai eu l’occasion de mettre les pieds. Le lieu lui-même n’est pas extraordinaire, mais le DJ est une vraie perle. Un type qui joue quatre morceaux de Prince dans la même soirée devrait se voir décerner l’Ordre des Arts et Lettres.

Et encore, ça me semble être le minimum syndical...


Dimanche.
Je prends un cours (gratuit !) de théâtre d’impro. En anglais, s’il vous plait ! L’expérience est particulièrement enrichissante, et le challenge, de taille. La prof a une énergie absolument incroyable. Elle me fait terriblement penser à Tara, une amie de Rock Hill qui est elle aussi théâtreuse. Même façon de parler, même intensité, même présence scénique, c’est bluffant !

Je découvre l’impro anglophone avec grand intérêt. Elle est sensiblement différente de sa consoeur francophone. La première est axée sur le storytelling (raconter une histoire) alors que la seconde se focalise sur les vannes et le burlesque. L’anglophone est néanmoins drôle la plupart du temps (enfin, tout dépend des acteurs, et des thèmes traités, bien évidemment…).

Le cours est suivi d’un spectacle, “Maestro”, dont les acteurs sont sélectionnés parmi les élèves du cours. Le principe est simple : 12 improvisateurs en lice, 1 vainqueur. Un mélange entre une audition et Survivor, mais dans une ambiance saine et décontractée. Le niveau est très hétérogène, des pros cotoyant de acteurs newbies, mais ça rend l’expérience d’autant plus intéressante. J’espère avoir la chance de monter sur scène avant de partir.

Réponse dans une ou deux semaines...

mercredi 14 octobre 2009

Premiers pas en Nouvelle-France


Mercredi.

Mon premier contact avec Montréal est quelque peu décevant. Il fait à peine 8 degrés, le ciel est salement grisouille, et j’ai la sensation d’être dans une version délavée des Etats-Unis : trop de gens parlant francais, pas assez de choc culturel. Le frisson de la découverte aurait probablement été plus grisant si je n’avais pas passé près d’un an en Amérique du Nord. Quoi qu’il en soit, je file quelques coups de lattes à ma réserve et je me prépare à vivre au mieux cette nouvelle aventure. J'aurais cependant la preuve plus tard que Montréal peut être très lumineuse, même sous un ciel de plomb.


Jeudi.

Ma seconde impression est déjà bien plus alléchante. Dès les premiers rayons de soleil, la ville fait risette. Le mélange architectural est saisissant. Le Québec consacre 1% de son budget à l’architecture, et ça se voit. Pas étonnant que Montréal ait été élue Capitale Mondiale du Design en 2006, la première fois qu’une ville d’Amérique du Nord est ainsi distinguée.





Je prend une marche (une expression locale, traduction littérale de “to take a walk”) dans les rues autour de mon quartier, je fais quelques courses au shopy local (où je me retiens de bondir comme un cabri entre les rayons en trouvant des pop tarts et des cinnamon crunch toast. Madeleine de Proust, quand tu nous tiens…). Je prends tranquillement mes marques en terre québequoise.





En début de soirée, je retrouve Pha, un ami montpellierain fraîchement débarqué. Au programme : bières* et match de hockey* dans une salle rock mythique, les Foufounes
Eléctriques. Durant le match, le jet lag s’abat sur moi comme un rapace sur un souriceau parkinsonien, me laissant juste le temps de limaçonner jusqu’à mon lit avant de me vautrer dans les bras de morphée.


Vendredi.

Requinqué par une nuit de sommeil proprement indécente, je

commence une remise en forme sérieuse. Les tests médicaux ont laissé des traces, et je suis ravi d’avoir une salle de sport suréquipée à disposition pour corriger le tir. A moi les tapis qui roulent, les barres qui couinent, et les machines qu’on sait même pas à quoi elles servent !


Je profite de l’un des rares jours de congé de mon père pour me balader avec lui : quartier latin, chinatown, centre ville, vieux Montréal, je découvre une ville aux multiples facettes, fière de son passé, le regard résolument tourné vers l’avenir.


Quelques expos, une paire de musée, un marché d’art, je découvre le Montréal culturel, qui a la bon goût d’être particulièrement florissant.


Samedi.

Visite du Biodôme, un centre présentant quatre écosystèmes distincts : forêt tropicale, forêt laurentienne (une verdure locale), st-laurent marin, et les pôles. Ajoutez à ça une expo temporaire sur Madagascar, assortie d’une petite conférence de 20 minutes donnée par une ravissante biologiste, et vous avez une balade sympa pour la famille ou sans.


Le Biodôme est à quelques mètres du stade olympique, un gros machin surmonté de la plus grande tour penchée au monde, qui est gentiment impressionnante, tout de même. La grimpette en haut de la tour faisant 16$, je décide d’avoir piscine, par principe.


Le soir, je me fais un resto où je mange comme un chancrou des alpages pour peanuts, avant de me rendre à un concert que j’attendais avec une brûlante impatience. J’y retrouve pour la 4e fois ma chanteuse brésilienne préférée, Bïa, avec qui j’ai eu la chance de travaillé sur les festivals Paris-Brasil 2007 et 2009, et qui réside à Montréal. Contrairement aux concerts en France, elle joue ici avec ses musiciens, et ça se sent. L’alchimie est parfaite, le show est délicieux. Je suis fan, inconditionnellement (et sans arrière pensée aucune, n’en déplaise aux mauvaises langues).


Je termine la journée par un club anglophone*, qui me replonge à l’époque de mes virées à Charlotte et Austin, l’an dernier. Gros son dirty south, hip hop old school, rnb et tech groovy, la musique fait la synthèse des sons ricains et français. Un mélange intéressant, je me lâche comme il faut.


Dimanche.

Je profite de cette journée à fond, dans une bonne grosse session feignasse, à l’ancienne.




*Les bières : Croisez les bières américaines, françaises et belges, et vous aurez l’essence de la bière québecoise. Goûtues et faciles à boire.



Sans être transcendantes, elles forment un mélange agréable (bien que, dans le même registre, je reste fan de la Dos Equis mexicaine).


*Le hockey : fondamentalement, c’est de la boxe par équipe sur patinoire. Le palet (appelé ici rondelle) n’est qu’une excuse pour se foutre gentiment sur la gueule. Sport à haute teneur en virilité, à consommer avec une bonne bière à la main. Ceux qui vous soutiennent le contraire sont à la solde de la nation canadienne, ou essaient de vous vendre quelque chose.


Bon, d’accord, le seul match que j’ai vu voyait s’affronter les équipes de Montréal et de Toronto, à l’amour réciproque égale à celui unissant l’OM et le PSG. Mais quand même, ils passent vraiment leur temps à se cogner dessus, et avec la bénédiction de l’arbitre…


*L’Anglais : si le Français est la première langue officielle du Québec (et la seconde officielle dans le reste du Canada), le nombre d’anglophones est finalement assez important. Américains, Canadiens anglophones ou membres d’une quelconque diaspora, ils sont partout, et font résonner dans mes oreilles cette langue que j’apprécie tant.


Il faut dire que je loge dans ce que les francophones appellent le “Ghetto Mc Gill”, le quartier de l’université anglophone. Le taux de shakespearien y est donc particulièrement élevé, et c’est tant mieux.



dimanche 4 octobre 2009

In bed with wapiti


Et voici que votre série animalière préférée est de retour pour de nouvelles aventures !

Pourquoi ressortir ce blog de derrière les fagots après une pause si honteusement longue ? Parce que je suis de nouveau en vadrouille après pas loin d'un an de péripéties à la française. Je suis une fois de plus en Amérique, mais cette fois loin au Nord, là où qu’ça caille sévère et que les genses ont un accent à couper à la tronconneuse rouillée.

Mais au fait, qu’est ce qui m’amène au pays de la poutine et du sirop d’érable, des ours polaires et des marmottes à moumoutes ? Une sorte d’affaire de famille : mon père est actuellement en tournée pour 3 mois au Québec, et il m’a fort généreusement proposé de venir le rejoindre durant quelques semaines. Autant vous dire que je ne me suis pas fait prier… Ce n’était pas vraiment la période idéale pour moi, mais je ne pouvais décemment pas laisser passer une occasion pareille.

Surtout que le mois d’octobre est censé être l’un des mois les plus agréables pour découvrir cette partie du monde : l’Eté des Indiens assure un temps particulièrement clément (qui eu le bon goût d’inspirer voici quelques années l’un de nos plus grands chansonniers. Joe, si tu m’entends…), le Temps des Couleurs trempe son pinceau dans une magnifique palette de nuances flamboyantes avant de repeindre les forêts en rouge brasier et orange flammèche, et les oies font leur petit baluchon pour se sauver avant l’arrivée des frimas. Elles passeront nous faire un coucou avant d’aller se réfugier au sud, où le jazz fera dodeliner en rythme leurs mignonnes têtes blanches, à moins que ce ne soit les vapeurs de rhum arrangé.

Enfin bon, tout ca, c’est sur le papier. Comme toujours, la réalité est subtilement divergente. Le jeu des 7 erreurs, bientot sur vos écrans…

PS :

Pour les ceux-ce qui suivent l’histoire de près et à qui on ne la fait pas : oui, il y a des trous dans mes aventures, plutot balèzes, d’ailleurs, et non, je ne compte pas les remplir ici. Faites donc marcher votre imagination, que diable !