jeudi 22 octobre 2009

Comme à la maison



Bïa, dont je parle dans mon précédent post, semble intéresser les mélomanes de tout poil. Si vous désirez jeter une oreille à sa merveilleuse poésie musicale, suivez ce lien.

Pour les photos de la semaine 1, cliquez ici.

Pour celles de la semaine 2 (celle dont je parle plus bas), cliquez .


Lundi.
Grand moment d’émotion : ma toute première poutine ! Me voilà désormais un peu québecois (le gène de la québequitude est nutritionnellement transmissible).

Pour ceux qui se demandent qu’est-ce donc que cette poutine dont je cause : la poutine est une sorte de cousine (très) éloignée de la tartiflette. Imaginez une solide portion de frites recouverte de grumeaux de cheddar et d’une sauce brunâtre légérement sucrée. Certaines places à poutine proposent des versions alternatives à cette base : poutine elvis, poutine végétarienne, poutine vivante (je blague, cette version-là n’existe pas puisque toutes les poutines sont servies encore vivantes).

Ma première poutine était une T-Rex, qui adjoint à la mixture sus-citée : jambon, bacon, saucisses grillées et un quatrième ingrédient encore non identifié à ce jour. Etant encore parmi vous quinze jours plus tard, je me considère comme un survivant. Je pourrais montrer bravement mes blessures de guerre à mes petits enfants. Ah, il fait moins le malin, le sac à main !


Mardi.
Journée à thème ciné. André Lapointe, directrice des Grands Explorateurs, le “Connaissance du Monde” local, organise une conférence de presse pour le lancement de son livre de cuisine sans frontières (enfin, une conférence sans presse, puisque les journalistes ne posaient aucune question…). Cette conférence est suivie d’une projection du nouveau film de monsieur Moreau mon père, “Viet Nam”, que je voyais en fait pour la première fois. Je dis pas ça parce qu’il est mon géniteur ou parce qu’il m’héberge gracieusement durant ce séjour au Québec, mais c’est de la bien belle ouvrage, avec un traitement original du sujet, et tout. Il a bien bossé, l’animal.

Après tant de stimulation neuronale, rien de tel qu’un divertissement enlevé, allégé en réflexion et chargé en hémoglobine. Aller mater Zombieland avec Pha tombait donc à point. Pour ne rien gâcher, le ciné est à moitié prix les mardis.

Zombieland est, ma foi, un film bien sympathique. Il a le bon goût de donner à ce bon vieux Woody Harrelson l’occasion de ressortir son stetson, et à Bill Murray de faire du grand Bill Murray, qu’il sait tellement bien le faire qu’on dirait le vrai, en mieux.


Mercredi.
Je découvre une boutique médiévale avec des fringues intéressantes, mais plus orientées GN que XVIIe siècle. Dommage, ce n’est pas ici que je pourrais trouver des costumes pour les faquins. Ils ont également des masques de toute beauté, fabriqués par l'Atelier Pirate, et des tricornes pirate à un prix vraiment intéressant. Je vais me pencher sérieusement sur la question…

J’assiste à une seconde séance du film de mon père, ce qui me permet de rencontrer Isabelle, une cousine émigrée depuis moult années en terre québecoise, et dont je n’ai appris l’existence que très récemment. Isabelle est un petit bout de femme débordant d’énergie, qui a récemment ouvert un centre de yoga thérapeutique après avoir travaillé dans le monde des affaires. On accroche bien, et on prévoit de se revoir quelques fois avant mon départ.


Jeudi.
Cours d’escrime avec Les Duellistes, une sympathique bande de médievistes s’essayant depuis peu à la rapière. Eux n’ont aucune velléité d’exhibitionnisme scénique. Ils font dans la technique et le concret.

Du coup, je tâte de la lame sous un angle nouveau : préceptes de Capo Ferro sans additifs, utilisation de masques d’escrime sportive et de tabards de cuir, et travail d’estoc quasi exclusif. Je suis assez déstabilisé par la dfférence d’approche, mais ça ne rend la pratique que plus intéressante.


Vendredi.
Diner avec Isabelle dans un resto au concept indécent : Juliette & Chocolat s’est spécialisé, comme son nom l’indique, dans les produits cacaotés. La fondue mixte chocolat mi-amer / caramel au beurre salé est tout simplement splendide. Le fondant au chocolat est un attentat à la décence.

Yuuummy!





Samedi.
Découverte de taille : Rouge, l’un des meilleurs clubs dans lequel j’ai eu l’occasion de mettre les pieds. Le lieu lui-même n’est pas extraordinaire, mais le DJ est une vraie perle. Un type qui joue quatre morceaux de Prince dans la même soirée devrait se voir décerner l’Ordre des Arts et Lettres.

Et encore, ça me semble être le minimum syndical...


Dimanche.
Je prends un cours (gratuit !) de théâtre d’impro. En anglais, s’il vous plait ! L’expérience est particulièrement enrichissante, et le challenge, de taille. La prof a une énergie absolument incroyable. Elle me fait terriblement penser à Tara, une amie de Rock Hill qui est elle aussi théâtreuse. Même façon de parler, même intensité, même présence scénique, c’est bluffant !

Je découvre l’impro anglophone avec grand intérêt. Elle est sensiblement différente de sa consoeur francophone. La première est axée sur le storytelling (raconter une histoire) alors que la seconde se focalise sur les vannes et le burlesque. L’anglophone est néanmoins drôle la plupart du temps (enfin, tout dépend des acteurs, et des thèmes traités, bien évidemment…).

Le cours est suivi d’un spectacle, “Maestro”, dont les acteurs sont sélectionnés parmi les élèves du cours. Le principe est simple : 12 improvisateurs en lice, 1 vainqueur. Un mélange entre une audition et Survivor, mais dans une ambiance saine et décontractée. Le niveau est très hétérogène, des pros cotoyant de acteurs newbies, mais ça rend l’expérience d’autant plus intéressante. J’espère avoir la chance de monter sur scène avant de partir.

Réponse dans une ou deux semaines...

mercredi 14 octobre 2009

Premiers pas en Nouvelle-France


Mercredi.

Mon premier contact avec Montréal est quelque peu décevant. Il fait à peine 8 degrés, le ciel est salement grisouille, et j’ai la sensation d’être dans une version délavée des Etats-Unis : trop de gens parlant francais, pas assez de choc culturel. Le frisson de la découverte aurait probablement été plus grisant si je n’avais pas passé près d’un an en Amérique du Nord. Quoi qu’il en soit, je file quelques coups de lattes à ma réserve et je me prépare à vivre au mieux cette nouvelle aventure. J'aurais cependant la preuve plus tard que Montréal peut être très lumineuse, même sous un ciel de plomb.


Jeudi.

Ma seconde impression est déjà bien plus alléchante. Dès les premiers rayons de soleil, la ville fait risette. Le mélange architectural est saisissant. Le Québec consacre 1% de son budget à l’architecture, et ça se voit. Pas étonnant que Montréal ait été élue Capitale Mondiale du Design en 2006, la première fois qu’une ville d’Amérique du Nord est ainsi distinguée.





Je prend une marche (une expression locale, traduction littérale de “to take a walk”) dans les rues autour de mon quartier, je fais quelques courses au shopy local (où je me retiens de bondir comme un cabri entre les rayons en trouvant des pop tarts et des cinnamon crunch toast. Madeleine de Proust, quand tu nous tiens…). Je prends tranquillement mes marques en terre québequoise.





En début de soirée, je retrouve Pha, un ami montpellierain fraîchement débarqué. Au programme : bières* et match de hockey* dans une salle rock mythique, les Foufounes
Eléctriques. Durant le match, le jet lag s’abat sur moi comme un rapace sur un souriceau parkinsonien, me laissant juste le temps de limaçonner jusqu’à mon lit avant de me vautrer dans les bras de morphée.


Vendredi.

Requinqué par une nuit de sommeil proprement indécente, je

commence une remise en forme sérieuse. Les tests médicaux ont laissé des traces, et je suis ravi d’avoir une salle de sport suréquipée à disposition pour corriger le tir. A moi les tapis qui roulent, les barres qui couinent, et les machines qu’on sait même pas à quoi elles servent !


Je profite de l’un des rares jours de congé de mon père pour me balader avec lui : quartier latin, chinatown, centre ville, vieux Montréal, je découvre une ville aux multiples facettes, fière de son passé, le regard résolument tourné vers l’avenir.


Quelques expos, une paire de musée, un marché d’art, je découvre le Montréal culturel, qui a la bon goût d’être particulièrement florissant.


Samedi.

Visite du Biodôme, un centre présentant quatre écosystèmes distincts : forêt tropicale, forêt laurentienne (une verdure locale), st-laurent marin, et les pôles. Ajoutez à ça une expo temporaire sur Madagascar, assortie d’une petite conférence de 20 minutes donnée par une ravissante biologiste, et vous avez une balade sympa pour la famille ou sans.


Le Biodôme est à quelques mètres du stade olympique, un gros machin surmonté de la plus grande tour penchée au monde, qui est gentiment impressionnante, tout de même. La grimpette en haut de la tour faisant 16$, je décide d’avoir piscine, par principe.


Le soir, je me fais un resto où je mange comme un chancrou des alpages pour peanuts, avant de me rendre à un concert que j’attendais avec une brûlante impatience. J’y retrouve pour la 4e fois ma chanteuse brésilienne préférée, Bïa, avec qui j’ai eu la chance de travaillé sur les festivals Paris-Brasil 2007 et 2009, et qui réside à Montréal. Contrairement aux concerts en France, elle joue ici avec ses musiciens, et ça se sent. L’alchimie est parfaite, le show est délicieux. Je suis fan, inconditionnellement (et sans arrière pensée aucune, n’en déplaise aux mauvaises langues).


Je termine la journée par un club anglophone*, qui me replonge à l’époque de mes virées à Charlotte et Austin, l’an dernier. Gros son dirty south, hip hop old school, rnb et tech groovy, la musique fait la synthèse des sons ricains et français. Un mélange intéressant, je me lâche comme il faut.


Dimanche.

Je profite de cette journée à fond, dans une bonne grosse session feignasse, à l’ancienne.




*Les bières : Croisez les bières américaines, françaises et belges, et vous aurez l’essence de la bière québecoise. Goûtues et faciles à boire.



Sans être transcendantes, elles forment un mélange agréable (bien que, dans le même registre, je reste fan de la Dos Equis mexicaine).


*Le hockey : fondamentalement, c’est de la boxe par équipe sur patinoire. Le palet (appelé ici rondelle) n’est qu’une excuse pour se foutre gentiment sur la gueule. Sport à haute teneur en virilité, à consommer avec une bonne bière à la main. Ceux qui vous soutiennent le contraire sont à la solde de la nation canadienne, ou essaient de vous vendre quelque chose.


Bon, d’accord, le seul match que j’ai vu voyait s’affronter les équipes de Montréal et de Toronto, à l’amour réciproque égale à celui unissant l’OM et le PSG. Mais quand même, ils passent vraiment leur temps à se cogner dessus, et avec la bénédiction de l’arbitre…


*L’Anglais : si le Français est la première langue officielle du Québec (et la seconde officielle dans le reste du Canada), le nombre d’anglophones est finalement assez important. Américains, Canadiens anglophones ou membres d’une quelconque diaspora, ils sont partout, et font résonner dans mes oreilles cette langue que j’apprécie tant.


Il faut dire que je loge dans ce que les francophones appellent le “Ghetto Mc Gill”, le quartier de l’université anglophone. Le taux de shakespearien y est donc particulièrement élevé, et c’est tant mieux.



dimanche 4 octobre 2009

In bed with wapiti


Et voici que votre série animalière préférée est de retour pour de nouvelles aventures !

Pourquoi ressortir ce blog de derrière les fagots après une pause si honteusement longue ? Parce que je suis de nouveau en vadrouille après pas loin d'un an de péripéties à la française. Je suis une fois de plus en Amérique, mais cette fois loin au Nord, là où qu’ça caille sévère et que les genses ont un accent à couper à la tronconneuse rouillée.

Mais au fait, qu’est ce qui m’amène au pays de la poutine et du sirop d’érable, des ours polaires et des marmottes à moumoutes ? Une sorte d’affaire de famille : mon père est actuellement en tournée pour 3 mois au Québec, et il m’a fort généreusement proposé de venir le rejoindre durant quelques semaines. Autant vous dire que je ne me suis pas fait prier… Ce n’était pas vraiment la période idéale pour moi, mais je ne pouvais décemment pas laisser passer une occasion pareille.

Surtout que le mois d’octobre est censé être l’un des mois les plus agréables pour découvrir cette partie du monde : l’Eté des Indiens assure un temps particulièrement clément (qui eu le bon goût d’inspirer voici quelques années l’un de nos plus grands chansonniers. Joe, si tu m’entends…), le Temps des Couleurs trempe son pinceau dans une magnifique palette de nuances flamboyantes avant de repeindre les forêts en rouge brasier et orange flammèche, et les oies font leur petit baluchon pour se sauver avant l’arrivée des frimas. Elles passeront nous faire un coucou avant d’aller se réfugier au sud, où le jazz fera dodeliner en rythme leurs mignonnes têtes blanches, à moins que ce ne soit les vapeurs de rhum arrangé.

Enfin bon, tout ca, c’est sur le papier. Comme toujours, la réalité est subtilement divergente. Le jeu des 7 erreurs, bientot sur vos écrans…

PS :

Pour les ceux-ce qui suivent l’histoire de près et à qui on ne la fait pas : oui, il y a des trous dans mes aventures, plutot balèzes, d’ailleurs, et non, je ne compte pas les remplir ici. Faites donc marcher votre imagination, que diable !

mercredi 3 septembre 2008

Charrette et caetera


Décidément, le temps passe à une vitesse incroyable dans cette satanée ville. Déjà un mois depuis mon dernier post et deux mois et demi depuis les dernières nouvelles fraîches.

Il est donc plus que temps de faire un nouveau bilan.

1 – Administration

Mon problème de papiers est enfin réglé. Il ne m’aura fallu « que » 5 mois et près de 1500 dollars pour obtenir enfin le nécessaire... Un léger goût d’amertume me reste dans la bouche quand je pense qu’un aller-retour en France dès ma perte de passeport me serait revenu beaucoup moins cher, et m’aurait fait gagner un temps précieux. Mais j’ai vaincu ! Trop tard pour qu’il soit intéressant à chercher un vrai job en parrallèle de mon stage, mais cela me permet néanmoins d'envisager un horizon plus qu’alléchant. Je vous en parlerais dans un prochain post.

2 – Déménagement

Hé oui, encore ! La nièce de ma patronne m’a proposé de co-louer son appart à un prix dérisoire (200$). Sachant qu’elle habite dans un quartier carrément plus sympa et plus central que mon ancien, je n’ai pas hésité longtemps avant de refaire mon sac. J’ai donc troqué un colloc gay et un gros toutou contre une prof de sport et deux chats et demi. J’ai perdu une connexion Internet correcte et la machine à laver dans l’affaire, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie... J’essaierais de prendre des photos à l’occasion.

Ma nouvelle adresse, pour ceux que ça intéresse :

5310 Joe Sayers #220
Austin, TX 78756

3 – Taf

L’objectif de mon séjour à Austin n’était pas l’exploration du triptyque mythique « sex, drug & rock n’ roll » mais bien la noble tâche de maçonner mon avenir à grands coups de truelles stagiaires. J’ai donc passé mes premières semaines à Austin à chercher avec ferveur et foi une place dans une entreprise intéressante. Mes deux cibles prioritaires étaient le monde de la musique et celui des agences de communication, mais je travaille finalement pour l’Alliance Française locale. J’ai rencontré la Directrice quelques jours seulement après mon arrivée. Le courant est très vite passé, et je me suis retrouvé embauché sans même m’en rendre compte.

Quelque peu déboussolé par le rythme dans un premier temps (peu de missions précises, pas de deadlines, pas de bureau, et pas d’horaires ; je dois tout faire à ma sauce, comme un grand), j’ai rapidement réalisé l’extraordinaire opportunité d’avoir carte blanche : je peux ainsi exploiter les nombreuses compétences que j’ai patiemment développées durant ces deux ans de formation en communication.

Je construis actuellement un nouveau site Internet pour l’Alliance, ce qui me permettra d’implémenter les nombreuses recommandations que j’ai établies. En gros, je bosse comme un dingue, et je m’éclate. Le site devrait basculer dans sa version 2.0 dans les jours qui viennent. Voici l’adresse, pour ceux qui voudraient jeter un œil :

http://www.afaustin.org

4 – Teuf

Je bosse, certes, mais j’en profite aussi. Austin est réellement incroyable, les festivals s’enchaînent à un rythme effréné et les innombrables concerts, souvent gratuits, font vibrer la ville sur toutes les musiques imaginables. Je participe également à de nombreux événements organisés par l’Alliance, me permettant de mélanger travail et plaisir.

J’ai prévu de couvrir sur le site de l’Alliance les événements auquel j’ai déjà participé, et ceux que j’envisage de faire. Je ne ferais probablement pas de doublon sur ce blog. Si vous souhaitez savoir à quoi ressemble la vie culturelle Austinite, jetez un œil sur le site à l’adresse ci-dessus (et attendez une paire de semaines la version Française si vous êtes fâchés avec l’Anglais).

5 - Retour

Le compteur vient de s’enclencher, il me reste désormais moins de deux mois à passer aux Etats-Unis. Je vais donc essayer de profiter de ces dernières semaines pour faire le maximum de choses. La mauvaise nouvelle : mon rythme de bloguage ne devrait pas franchement s’améliorer. La bonne : je serais de retour dans quelques semaines, et pourrais donc vous parler de mon expérience de vive voix.

Mon programme post-US pour le moment : arrivée le 28 Octobre en France, petite quinzaine de jours entre Paname et Bruxelles, puis retour dans le Sud. Concert d’Asian Dub Foundation à Toulouse le 18 Novembre avec ma femme, puis… en route vers de nouvelles aventures !

Ma femme ? Ah oui, c’est vrai, j’ai oublié de vous dire que je me suis marié. Quelle tête en l’air je peut être, parfois. Allez, je vais essayer de vous en parler lors d’un prochain post.

Take care, guys.

mardi 5 août 2008

Mafiosi, pirates et leprechauns


Je commence tout doucement à me faire à l’idée de rester coincé 10 jours sur un campus désert lorsque Missy - l’une de mes voisines - me propose de partir avec elle célébrer la St Patrick à Savannah puis de filer chez ses parents - qui habitent près de Columbia - où son neveu de 6 ans s’apprête à jouer son tout premier match de base-ball. Ce jour-là, mes synapses ont battu leur record personnel de connection pour tricoter un « Of course, I will ! » aussi rayonnant et bondissant qu’un Tigrou sous amphets.

C’est ainsi que je me retrouve sur les routes de Caroline du Sud, le dernier dimanche d’hiver, en compagnie d’une jeune et ravissante philosophe de bientôt 27 ans. La vie est parfois cruelle…

En plus d’être mon premier week-end sans entendre ou prononcer le moindre mot de Français, ces deux jours sont ma première expérience de voyage à l’Américaine. Un séjour en terre étrangère – en l’occurrence l’Etat voisin de Georgia – pouvant s’avérer hasardeux, il est important de prévoir les vivres en conséquence. Résultat : une montagne de nourriture s’entasse dans la voiture, joyeusement accompagnée par une douzaine de pepsis « de survie » (vitaminés et hautement caféinés), un pack de Red Bull, et une bouteille de vodka à la vanille. Ces rations ne correspondent évidemment qu’aux denrées snackables, l’un des objectifs de notre voyage étant de goûter les spécialités locales. Mais bon, mieux vaut être prudents, on aurait pu manquer…

La route est ensoleillée, Missy radieuse et en verve, le voyage s’annonce un pur bonheur. Une fois arrivés à Savannah, une douce vague de chaleur nous submerge. Je l’accueille à bras ouvert après l’air frisquetement humide de Rock Hill. Une chouette ballade nous mène des jardins municipaux à River Street, la rue la plus animée de la ville - notamment lors de la St Patrick. Nous croisons en chemin moult maisons coloniales et arbres en fleurs. Le Printemps est là, je le respire à plein poumons. Le pied !

À peine nos pieds touchent-ils le roc festif de River Street que nos estomacs se mettent à chanter en chœur l’hymne national de Famineland. Touchés par leur virtuosité, nous décidons de récompenser ces formidables barytons à grands coups de boustifaille. Et hop, une petite cure de poisson et crustacés. Ca tombe bien, je commençais à manquer de phosphore. Merveilleuse surprise : pas de pain servi ici, mais des muffins "honey bourbon peanut butter" (beurre de cacahuète, miel et bourbon), fourrés aux myrtilles. Petit orgasme sur la langue…

La présence de rhum parmi les ingrédients imbibant la pâte des muffin locaux pourrait sembler incongrue sans un certain épisode historique haut en couleur. En effet, Savannah n’est pas connue uniquement pour son nullissime soap éponyme et pour être l’hôte de l’excellent « Minuit dans le jardin du Bien et du Mal ». Cet ancien port est tristement célèbre pour avoir été infesté de pirates. Mais attention, pas du freluquet ou du mari d’eau douce ; non, Monsieur ! De célèbres capitaines, tels Barbenoire ou Jean Lafitte, sont venus s’encanailler dans la région, tandis qu’ils laissaient quartier libre à leurs féroces équipages. Ces joyeux lurons ont laissé quelques souvenirs… tenaces. Une petite pensée pour mes faquinous aimés.

Une fois nos panses allourdies, Missy et moi passons l’après-midi à errer le long de River Street, à trainer dans les innombrables bric-à-bracs locaux, et à chercher un hôtel pratiquant des tarifs décents. Nous glandouillons nonchalamment, matant des zigotos bariolés perpétrer leurs clowneries, avant d’attaquer les choses sérieuses, la raison de notre présence en ville : Paddy’s Day.

En plus d’être connue pour les diverses raisons citées plus haut, Savannah se fait forte d’avoir la St-Patrick la plus haute en couleur de tout le Sud-Est Américain. Qu’il mérite ou non sa réputation, le 17 Mars Savannahien est l’occasion pour la ville de se noyer sous un raz de Guinness, tandis que les leprechauns dansent la gigue tout en pinçant les inconscients sortis sans une touche de vert salvatrice. La St Patrick tombant cette année un Lundi, il fut décidé en haut lieu que l’événement serait célébré le week-end précédent. TOUT le week-end précédent. La parade ouvrait ainsi le bal le Vendredi, annonçant 4 jours de festivités, d’ébriété, et d’éléphants verts gambattant gaiement dans les rues.

Arrivés le Dimanche midi pour repartir le lendemain après déjeuner, notre célébration de la fête nationale Irlandaise est donc complétement décalé. Ce serait comme arriver à Nîmes le Dimanche pour la féria de Pentecôte, passer la journée sur le Victor Hugo, puis squatter une bodégua sympa mais pas trop remuante pour la soirée. Expérience étrange, mais intéressante. La ville semble marcher au ralenti, souffrant d’une gueule de bois carabinée et d’une flemme guimauvesque.

Notre soirée est peu mouvementée, mais très agréable. Nous commençons à ouvrir gentiment les hostilités avec un Bloody Mary en milieu d’après-midi – une spécialité locale, bien meilleur que tous ceux que j’ai pu boire jusqu’à présent – puis nous prenons d’assaut un bon vieux pub Irlandais, prêts à lamper une vraie boisson irlandaise, sombre et velue à souhait. Guinness, for Strength ! Un authentique groupe de Dubliners nous régale de classiques venus tout droit de l’Ile d’Emeraude, repris en chœur par un auditoire paisiblement imbibé. Nous terminons la soirée dans une gourgotte typiquement ricaine, ayant le bon goût de proposer pizzas, hot-dogs, chicken wings et hamburgers à des heures indues. Le tout arrosé de soda sirupeux, ça va de soit…

Le lendemain matin – sans gueule de bois, oui, je sais, hérétique, tout ça… - séance shopping pour dénicher les incontournables t-shirts commémoratifs et embarquer l’une des monstruosités culinaires que j’avais repérées la veille (sortes de pommes d’amour géantes, recouvertes de chocolat et de noix, noisettes, pécan, etc. Absolument indécent). Au petit matin, les portes du pub de la veille restent aussi hermétiques que la soutane d’une nonne. Étonnant…

Nous prenons notre repas de midi dans un restaurant italien au nom évocateur. Tiens, Savannah n’est pas donc pas peuplée que de pirates et d’Irlandais… Si les canellonis sont succulents, l’espresso est absolument immonde. Il y a finalement peu de chances que les employés soient réellement italiens. J’en reviens à mon hypothèse de départ et décide que personne en ville ne peut décemment boire son café sans y ajouter une lichette de rhum ou de whisky. Parfois ensemble, pensons aux sang-mêlés.

Nous reprenons la route une fois repus. Direction Columbia, pour mon tout premier match de baseball en direct. Enfin, utiliser le terme match est peut-être excessif pour des joueurs de cet âge, mais le spectacle est vraiment touchant. Je regarde le neveu de Missy tenter péniblement de réaliser ses premiers homeruns tout en découvrant le concept du corn-dog - un hotdog sur batonnet, recouvert d’une pâte de maïs. Étrange… (le dog, pas le neveu).

Suit une petite soirée pizza en famille dont je suis l’attraction (pour les raisons suivantes : 1, ils n’ont pas l’habitude des Français ; 2, ils sont persuadés que Missy m’a mis le grappin dessus, ou le contraire). Un dernier tour de voiture, nocturne celui-ci, et nous voilà rentré à la maison après un week-end bien rempli.

Le bilan est plus que positif, je suis absolument ravi de cette virée passée à discuter philo et à refaire le monde avec celle qui deviendra ma meilleure amie à Rock Hill, mais mon cœur n’est pas en paix. Un battement sourd résonne dans tout mon être. Une vibration lancinante. Un appel irresistible. Le chant d’une sirène à la peau sombre, à l’accent cajun, et à la queue de poisson-chat. NOLA me réclame, NOLA m’ouvre ses portes, et me sussure à l’oreille des promesses insensées, afin de mieux me voler mon âme. Je ne peux - ni ne veux – resister. Je cède à ses avances, le sourire aux lèvres.

À venir : NOLA on my mind


jeudi 3 juillet 2008

Flashbreak : Springback


Oui, je sais, parler d’un événement trois mois après son occurrence relève de l’abus le plus complet, mais hé, regardez les choses en face : mieux vaut trois mois que six. Quoi qu'il en soit, il est temps de vous narrer mon Spring Break.

Petite mise au point pour ceux qui ne seraient pas au parfum…

Spring Break est une épopée mythique, une chevauchée fantastique, un foutoir innommable où tous les étudiants Américains sortent soudainement le nez de leurs bouquins tandis qu’ils réalisent que :
- Et d’unze, le printemps est là, avec son lot de chtites fleurs champêtres, d’abeilles butineuses, de lapins coquins, et de flux hormonaux sauvagement incontrôlés
- Et de deuze, les exams viennent tout juste de se terminer, après avoir libéralement prodigué leur lot de stress, de nuits blanches, de litres de Red Bull ingurgités, et de tension exténuante
- Et de troize, tiens, c’est quand même chouette, dis donc, voilà-t-y pas que dix jours de vacances se profilent à l’horizon, qu’on dirait presque que c’était fait exprès

Résultat : des hordes de djeuns aux hormones en ébullition envahissent les plages du Mexique ou de Floride pour passer une grosse semaine de débauche où alcool, drogues et luxure coulent à flot. Cerise sur le gâteau, l'événement bénéficie de la bénédiction des parents, ces derniers se remémorant avec nostalgie le temps où ils partaient en sucette en lieu et place de leurs chérubins.

Alors bien sûr, un événement d’une telle ampleur se prépare tôt, très tôt, à moins d’être prêt à payer un prix exorbitant pour le transport, le logement, et les innombrables frais annexes (notamment les alcool, drogues et luxure sus-cités).

Essayant - pour une fois - de ne pas procrastiner plus que de raison, mes car-mates et moi-même programmons donc un Spring Break alternatif un bon mois à l’avance. Le programme est alléchant : un road trip de dix jours formant une grande boucle reliant Nashville, Memphis, New Orleans, puis Atlanta, avant un retour maison bien mérité.

Le plan consistait donc en une virée comptant plus de trente heures de route, suivant une piste poussiéreuse et chargée d’histoire, celle de la musique noire américaine: country, blues, jazz et hip-hop (pour les pinailleurs, si la musique country n’est effectivement que rarement jouée par des afro-américains, elle n’aurait jamais vu le jour si la folk music blanche n’avait pas fricotée avec deux frères noirs comme une nuit sans lune, blues et gospel).

Murphy ayant toujours quelque mauvais tour dans son sac, je me retrouve finalement la veille du coup d’envoi de Spring Break sans partenaires de virée, sans moyen de transport, et sans argent. Je vous passe les détails, mais vous pouvez imaginer sans mal ma frustration.

Je tente d’innombrables plans de repli, mais rien à faire, tout tombe à l’eau, à croire que Murphy a vraiment décidé de pourrir mes vacances (pourtant bien méritées).

Mon salut me sera finalement accordé après quelques jours de purgatoire par un ange. Enfin, une sorte…

Ne manquez pas la suite des aventures de votre lapinidé préféré !

À venir : St Paddy’s Day chez les Pirates

dimanche 15 juin 2008

Lone Star


Me voici installé dans mon nouveau chez moi à Austin, Texas. J'habite désormais une jolie maison à l'Est de la ville, près de l'aéroport.

Mon colloc n° 1 s’appelle Jimmy. Agent immobilier de 42 ans, il est gay, blanc, et très sympa. Mon colloc n° 2 s’appelle Fred. Moitié Labrador, moitié Rockweller, il est gros, noir, et très sympa aussi.

Mon problème avec l’immigration n’est toujours pas résolu, mais rejoindre la frontière mexicaine n’y changerait rien (en bonus, ça pourrait me valoir d’être coincé du mauvais côté du Rio Grande). Je continue donc de me battre pour trouver une solution, en espérant que le consulat Français au Texas pourra faire quelque chose.

Point positif dans cette affaire, en me rendant à San Antonio pour parler en personne aux types de l’immigration, j’ai découvert une ville absolument magnifique. River Walk, une promenade somptueuse longeant la San Antonio River en plein centre ville, crée un cœur de verdure à la fraîcheur très appréciable.

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de visiter sérieusement San Antonio, mais me suis promis de retourner là-bas dès que l’occasion se présentera.

Le Texas, le Lone Star State, est riche d'une histoire particulièrement mouvementée, et parfois franchement étonnante. J'ai par exemple appris que le Texas a été propriété Française durant... 2 jours. J'ai hâte d'en savoir plus.

Bonus pour ceux que l'ère digitale n'empêche pas de tricotter du stylo, voici ma nouvelle addresse:

1108 Gardner Cove, Austin, TX 78721